HENRI LAURENS
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B.
HENRI LAURENS
1885 - 1954
8 OCTOBRE
MUSEE D’HISTOIRE ET D’ART
— 14 NOVEMBRE 1971
- LUXEMBOURG
Le Musée d'Histoire et d'Art exprime sa vive grati-
tude à tous les préteurs, notamment à M. et à Mme
Claude Lautens, à M. le Directeur de la Galerie
Louise Leiris et à M. Tony Neuman pour leur
généreuse collaboration. Il remercie très vivement
aussi Mme Mady Menier ainsi que M. Gérald Collot
qui s’est chargé de la composition de l’ensemble et
l’a d’abord présenté aux Musées de Metz.
Né en 1885, Henri Laurens appartient à la génération des cubistes,
et c'est comme partisan du cubisme qu'il commence à s'affirmer vers
1915. A vrai dire, parmi les sculpteurs qui représentent cette ten-
dance, il est l'un des plus attachants, l'un de ceux qui ont le mieux
assimilé la lecon de Braque et de Picasso. Sans doute certaines de ses
constructions en bois, fer et tóle polychromés peuvent-elles rappeler
Archipenko (qui, lui aussi, avait d'ailleurs été orienté par les deux
inventeurs du cubisme), mais son art apparait avant tout comme une
transposition, dans le domaine du bas-relief et de la ronde-bosse, de
l'esthétique que Braque et Picasso avaient illustrée en peinture. Au
demeurant, il est en contact avec ces deux artistes, et depuis 1911 il
entretient avec Braque des relations d'amitié qui dureront jusqu'à la
fin de sa vie. Des titres comme Bouteille et verre, Compotier de
raisins, La Guitare, Femme à la mandoline, indiquent que méme ses
thèmes ressemblent à ceux que nous trouvons chez les peintres
cubistes.
Cependant, ses objets décomposés et recomposés, ses formes
aplaties et géométriquement délimitées par des arêtes précises,
révélent une sensibilité qui est personnelle. Et jusque dans les
oeuvres où il ajoute de la couleur aux volumes (pour ,,supprimer,
dit-il, les effets des variations de la lumière sur les statues“), il ne
cesse de manifester des preoccupations de sculpteur, cherchant tou-
jours la mise en évidence de chaque forme, de chaque plan. Ainsi
nous présente-t-il pendant quelque temps un art construit, architec-
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tonique, expérimental, qui, s'il veut la rigueur, évite la sécheresse.
Au cours des années vingt, ses volumes se font progressivement
moins réguliers et moins anguleux. Au lieu de s’aplatir en se raidis-
sant, ils s'arrondissent, s'assouplissent, et la vigueur de la synthése se
substitue au fractionnement analytique. Le théme préféré de Laurens
est désormais la femme nue qu'il montre tour à tour debout, étendue,
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assise ou accroupie. A la vérité, il ne s'intéresse pas au nu en lui-même,
mais aux ensembles de formes que le corps lui suggére, car son
but essentiel est de créer une sculpture où la tête comme la jambe, le
bras de méme que la poitrine et le ventre se soumettent completement
à son souci d'invention et aux exigences d'un ordre plastique. Pour-
tant plus il avance, plus ses volumes s'imprégnent de sensualité, plus
ils sont enrichis par cette connaissance des corps que donnent non
l'étude anatomique, mais la tendresse et l'amour.
2 Femme à la mandoline, 1919
5 Petite femme couchée, au miroir, 1922
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23 La péche miraculeuse,
1939
Tandis que vers 1920 Poeuvre est un bloc compact, plus ou
moins articulé par de stricts plans géométriques, aprés 1930 elle
s'ouvre, s'épanouit. Les bras et les jambes s'écartent des torses,
decrivent des courbes ondulantes, entourent des vides qui font res-
sortir les pleins et ceux-ci sont de plus en plus charnus et solides. En
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méme temps, la composition se simplifie, les contrastes entre les
volumes s’accentuent, les profils dessinent des rythmes plus amples,
si bien que La Grande Musicienne de 1938 est non seulement une
oeuvre riche en tensions, en lyrisme, mais aussi l'une des sculptures
les plus majestueuses du XXe siécle.
Certes, les créatures de Laurens n'ont rien à voir avec les nus que
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nous devons à la tradition gréco-romaine; elles ignorent ce qu’on
appelle d'ordinaire la beauté ou l'élégance physiques. Néanmoins, pour
difformes qu'elles puissent étre par rapport à une anatomie normale,
elles ne sont étrangéres ni à nos expériences, ni à nos réves, ni à nos
désirs. Qu’elles doivent leur existence à l'imagination est hors de
doute, mais il est non moins évident qu'une réalité les habite, dont le
poids augmente avec les années et qui peut surprendre par ce qu'elle
a de complexe. En effet, telle forme &voque un tronc d’arbre ou une
branche, telle autre un corps ou une patte d'animal: Laurens pousse
ses créatures à s'évader des limites de l'organisme oà l'étre humain est
enfermé, il leur donne ces possibilités de métamorphose dont l'homme
moderne normalement ne se soucie guére, mais dont les contes (et
parfois nos songes) nous rappellent combien elles répondent à des
aspirations profondes de notre espece.
Aussi quand il intitule certaines oeuvres L'Océanide, Ondines,
Amphion, La Sirène, nous avons affaire à autre chose qu’à ces figures
quelconques, exsangues que nous a offertes la sculpture académique
et qui n'avaient de mythologique que le titre. Chez lui, le caractére
fabuleux ou mythique est révélé par la nature même de la sculpture.
A telle enseigne qu'aucune oeuvre ne saurait mieux mériter son nom
d'Ondines que celle qu'il a ainsi baptisée. Et quoi de plus vrai que sa
Grande Sirene dont le corps robuste et flexible parait ruisselant d'eau
de mer? D'ailleurs si d'emblée nous trouvons à cette sculpture l'air
le plus naturel, le plus vraisemblable, n’est-ce point parce que rien ne
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se prête mieux à matérialiser un être imaginaire qu'un ensemble de
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ormes inventées:
Laurens n'est certes pas le seul sculpteur moderne qui ait su
conférer à de telles formes un saisissant pouvoir d'émotion. Mais il
est l'un de ceux qui, dans le domaine de l'art figuratif, nous ont
apporté les réalisations les plus originales et les plus convaincantes.
Tout en inventant ses oeuvres avec une entiére liberté, il a su les
charger de souvenirs et, si d’un côté il faut bien les qualifier d’inédites,
de l'autre elles font allusion à des réalités qui nous sont connues, voire
familiéres. Rien n'est forcé chez Laurens, tout est senti. Les volumes
se développent et se gonflent comme sous l'action d'une forte poussée
intérieure. Nulle boursouflure ne s'y remarque. Nulle désinvolture
non plus. D'autre part, nous avons constaté que, si l'on peut con-
5 5
sidérer ses oeuvres comme de magnifiques exemples de sculpture
pure, on y découvre également la chaleur de la vie. Une vie traduite
dans des formes denses qu'un tempérament poétique a imaginées et
qui ont été modelées par des mains à la fois énergiques et sensibles.
Joseph-Emile Muller
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7 Guitare, 1926
SCULPTURES
Sauf indication contraire, les oeuvres exposées appar-
tiennent à Monsieur et à Madame Claude Laurens.
Les sculptures marquées d’un * ne sont exposées
qu’à Luxembourg.
Portrait de Marthe Girieux, 1912
Bronze
31,5 x16,5 cm
Femme à la mandoline, 1919
Terre cuite
36 x10,5 cm
Guitare, 1926
Bas-relief
Bronze
152 x91 cm
Femme couchée à la draperie, 1927
Bronze
28 x84 cm
0% Femme nue couchée à la draperie, 1927
Bronze
20 x59,5 cm
Collection particulière
Le Boxeur, 1920
Bronze
h. env. 50 cm
Collection particulière
Femme à l'éventail, 1921
Terre cuite
51 x39 cm
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Petite femme couchée, au miroir, 1922
Bronze
10 x24 cm
Le compotier de raisin, 1922
Bas-relief
Terre cuite
44 x 58.5 cm
10
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12
13
Femme debout à la draperie, 1928
Bronze
225 x90 cm
Femme debout à la draperie, 1929
Bronze
20 x12 cm
Cariatide, 1930
Bronze
91 x57 cm
La banderolle et sa colonne, 1931
Bronze
37 x33 cm
colonne, environ 200 cm
14
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20
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22
Femme à l'oiseau, 1932
Bronze
39.5 x 30 cm
La vague, 1932
Bronze
40,5 x42 cm
La petite océanide, 1933
Bronze
33 x24 cm
La négresse, 1934
Bronze
74 x47 cm
Collection particulière
La mère, 1935
Bronze
60 x46 cm
Le petit Amphion, 1937
Bronze
55 x16 cm
Le ruban, 1937
Bronze
23,5 x19,5 cm
La grande musicienne, 1938
Bronze
195 x110 cm
Galerie Louise Leiris, Paris
La femme au banjo, 1939
Bronze
19,5 x39,5 cm
23
La péche miraculeuse, 1939
Bronze
33 x29 cm
24
Le drapeau, 1939
Bronze
59,5 x40 cm
25
Le petit adieu, 1940
Bronze
23 x30 cm
26 La nuit, 1943
Bronze
23 x32 cm
27 Trois oiseaux, 1943
Bronze
16 x37.5 cm
28
Le matin, 1944
Bronze
118 x80 cm
29 La grande sirene, 1945
Bronze
118 x103 cm
30 La chevelure, 1946
Bronze
35 x20 cm
31 L’automne, 1948
Bronze
80 x170 cm
14 Femme à l’oiseau, 1932
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16 La petite océanide, 1933
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Les deux soeurs, 1951
Bronze
88 x43 cm
Galerie Louise Leiris, Paris
2
3
Femme à la grappe, 1952
Bronze
57 x21 cm
Petite espagnole, 1954
Bronze
25 x23 cm
DESSINS
35
Femme accroupie, 1935-1940
Crayon sur papier
45 x56 cm
36
Crieuse de poissons, 1939-1940
Crayon sur papier
56 x45 cm
37
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Femme assise de dos, 1940
Crayon sur papier
23.5 x28.2 cm
38 Marchande de poissons, 1940
Crayon sur papier
45 x28.2 cm
29
Femme accroupie, 1940
Mine de plomb sur papier
45 x56 cm
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40
Femme accroupie, 1940
Crayon sur papier
45 x56 cm
41 Femme, 1940
Crayon sur papier
44.5 x 56.2 cm
42
Femme aux fruits, 1940
Crayon sur papier
56 x45 cm
43
Femme, 1940
Crayon sur papier
45 x56 cm
44
Femme debout aux bras levés
Crayon sut papier
33 x20,4 cm
45
Femme, vers 1940
Crayon sur papier
45 x56 cm
46
Femme couchée, 1940-1948
Crayon sur calque
27 x32,5 cm
47
Femme assise aux bras levés, vers 1946
Mine de plomb sur papier
28,5 x22,5 cm
48
Femme fleur, vers 1948
Crayon sur papier collé sur carton
22.5 x28.5 cm
49
Femme fleur, vers 1948
Mine de plomb sur papier collé sur carton
22.3 x28.35 cm
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3
19 Le petit Amphion, 1937
50 Femme assise, 1949
Mine de plomb sur papier
56,2 x45 cm
51
Femme accoudee, 1950
Crayon sur papier
45 x56 cm
GRAVURES
52
Hortense, 1920-1921
Eau-forte
24,8 x12 cm
53
La vie parisienne, 1920-1921
Eau-forte
Épreuve de travail pour «Les Pélicans»
8,2 x16,8 cm
54
Nus, 1921
Eau-forte
21,5 x19,5 cm
55
La joueuse de guitare, 1921
Eau-forte
23,7 x15,9 cm
56 Valencia, 1927
Eau-forte
16,7 x22 cm
S7
Le guéridon, 1927
Eau-forte
24,8 x18,9 cm
58
59
60
61
62
63
64
65
Frontispice de «La derniere nuit», 1942
Eau-forte
Épreuve de travail
17,8 x12,8 cm
Les fusillés, 1946
Eau-forte
Épreuve de travail
27,8 x17,8 cm
Aurelie, 1947
Eau-forte
15,7 x21,8 cm
Femme assise à la jambe levée, 1950
Lithographie en couleur
44 x 23.5 cm
Femme accroupie, 1950
Lithographie en couleur
58,5 x38 cm
Femme allongée au bras levé, 1950
Lithographie en couleur
29 x46 cm
Femme couchée, 1950
Lithographie en couleur
26 x49,5 cm
Femme étendue, 1953
Gravure sut bois en couleur
16,8 x30,8 cm
24 Le drapeau, 1939
LIVRES ILLUSTRES
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Les idylles de Théoctite, 1945
Bois originaux de Henri Laurens
Exemplaire n° 26
Signé
Éditeur: Verve
Loukios ou l'Ane de Lucien de Samosate, 1946
Bois originaux de Henri Laurens
Exemplaire n° 111
Signé
Éditeur : Tériade
Le Bleu de l’aile, 1948
Poème de Tiggie Ghika, traduit par René Char
Illustré de trois eaux-fortes originales de
Henri Laurens
Exemplaire imprimé pour Henri Laurens
Éditions Cahiers d' Art
L’Odyssee d’Homere, Chants V et VI, 1952
Exemplaire réservé à l'artiste
Signé
Éditeur : Creugevaull
70 Contes de W. Saroyan, 1953
Illustrés de bois originaux de Henri Laurens
Exemplaire n? 1
Éditeur: Les 100 bibliophiles de France et d’Amé-
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26 La nuit, 1943
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30 La chevelure, 1946
31 L’automne, 1948
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PRINCIPALES EXPOSITIONS PARTICULIERES DE HENRI LAURENS
(Liste établie par Madame Mady Menier)
1916 Patris, Galerie de l'Effort Moderne
(Léonce Rosenberg)
1918 Paris, Galerie de l’Effort Moderne
(Léonce Rosenberg)
1952
Paris, Galerie Creuzevault,
terres cuites d’Henri Laurens
1952
Amsterdam, Bréme, Eben
1952 New York, Curt Valentin Gallery
1952 Paris, Terres cuites
1920 Paris, Galerie de l'Effort Moderne
(Léonce Rosenberg)
1936 Paris, Exposition chez Madame Cuttoli
1938 New York, Brummer Gallery
1939 Paris, Galerie Pierre Loeb
1942 Paris, Galerie J. Bucher
1942 Chicago, Arts Club
1952
Stockholm,
Svensk Fransk Konstgalleriet
1953 Cologne, Galerie Der Spiegel
1953 Hambourg, Galerie Grabo-Stevenson
1953 Berlin, Galerie Springer
1954 Londres, Marlborough and Gerson Gallery
1955 Paris, Galerie Creuzevault, terres cuites
1945 Paris, Galerie L. Carre
1955 Paris, Galerie Berggruen, collages
1947 New York, Buchholz Gallery
1956 Allemagne-Suisse (Hambourg, Bäle, etc...)
1949 Bruxelles, Palais des Beaux-Arts
1957 Bâle, Galerie M. S. Feigel
1949 Copenhague, Kunstforeningen,
Henri Laurens, skultures og tegninger
1951 Paris, Musée National d'Art Moderne
1951 Londres, The Arcade Gallery
1957 Londres, Marlborough Gallery
1958 Paris, Galerie Leiris, sculptures en pierre
1958 New York, Fine Arts Associates
1959 New York, Galerie Chalette
1960 Zurich, Galerie Ziegler, L’oeuvre gravée
1960 Paris, Galerie Claude Bernard
1965 Malmó Museum
1966 New York, Marlborough and Gerson
Gallery. Monumental sculpture
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1967 Paris, Grand Palais. Donation Laurens
1961 Zurich, Kunsthaus
1967 Berlin, Haus am Waldsee. Donation Laurens
1961 Amsterdam, Stedelijk Museum
1969 Le Havre, Nouveau Musée
1962 Antibes, Galerie Madoura, terres cuites
1969 Londres, Galerie Gimpel
1962
Amsterdam, Stedelijk Museum,
Essen, Folkwang Museum,
Bréme, Kunsthalle
1970 Geneve, Galerie Krugier
1971 Londres, The Haywatd gallery
IMPRIMERIE SAINT-PAUL LUXEMBOURG