MICHEL
SIOFFEL
MICHEL
STOFFEL
1903 - 1963
12 MAI - 14 JUIN 1970
MUSEE D'HISTOIRE ET D'ART - LUXEMBOURG
Le Musée d'Histoire et d'Art remercie vivement
toutes les personnes grâce à l’obligeant concours
desquelles cette exposition a pu être réalisée, en
particulier Mme Michel Stoffel et M. Gaston Stoffel.
Les premiéres oeuvres par lesquelles se recommande Michel
Stoffel sont des gravures et des dessins. Déjà les aquatintes, les eaux-
fortes, les lithographies qu’il exécute à l’Académie de Weimar, où il
est inscrit de 1931 à 1933, peuvent surprendre par l'acuité de la vision
et par le caractère à la fois souple, ferme et emporte de la ligne. Stoffel
accroit les pouvoirs de son trait au cours des années suivantes, aussi
bien lorsqu'il dessine à l'encre de Chine que lorsqu'il emploie la cou-
leur pour réaliser des gouaches ou des tableaux. D'abord ceux-ci
représentent des motifs que lui propose le monde extérieur, puis,
prenant mieux conscience de ce qui distingue sa personnalité, il peint
dans une maniére expressionniste des créatures enfantées par son
imagination et son expérience de la vie.
Mi-pathétiques, mi-comiques, tantót souffreteuses, pitoyables,
attendrissantes, tantôt veules, cupides, grotesques, ces créatures com-
mencent à apparaitre en 1941, ce qui n'est certes pas étonnant: en
somme, c'est la guerre qui les suscite. Pourtant les sujets ne sont pas
toujours directement liés aux événements; ils reflétent plutót le climat
de l’époque, avec l’hypocrisie, les bassesses, les menaces, la peur qui le
déterminaient. Par ailleurs, il s'en faut que le théme de l'artiste soit
toujours préconcu, que tout dans ses tableaux soit lucidement choisi
afin de traduire avec précision telle idée ou tel sentiment. Des hantises
incontrólées, inconscientes se font jour également chez Stoffel de
méme que se manifestent des soucis d'ordre strictement pictural. En
d’autres termes, des deformations significatives coexistent avec des
jeux de formes qui sont gratuits par rapport au sujet, mais révèlent
que les moyens ont tendance à devenir autonomes. Bien qu'il s'agisse
de peintures, c'est toujours le dessin qui l'emporte. La couleur se con-
tente d'accuser les effets de la ligne qui est acérée, flexible, cinglante
ou au contraire appuyée, rigide, voire pesante et anguleuse.
S'apparentant parfois à Chagall, à Frits van den Berghe ou à
Gromaire, mais conservant toujours son accent personnel, Stoffel
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avance pendant quelques années dans cette voie, et à mesure qu'il
évolue, son trait devient plus insistant, son coloris plus soutenu. En
1948, il peint Le Mage qui est sans doute le chef-d’oeuvre de cette
période: un dessin autoritaire et en tous points expressif s'y allie à
une couleur sobre, mais éloquente. L'unité de style cette fois est par-
faite. Et l'attitude du personnage bossu apparait non moins révélatrice
que son regard vacillant et sa bouche ricanante: tout chez cet homme
exprime la ““philosophie““ cynique de celui qui a vu, dans son existence,
s’accumuler les échecs et qui prend des airs sibyllins pour camoufler
/ .
son désarroi.
Cependant, si forte que soit cette composition, Stoffel, peu de
temps aprés l'avoir réalisée, s'engage dans une direction différente.
Attire par la peinture abstraite, ıl refoule sa verve satirique et ıl finira
par récuser totalement le langage qu'il parlait jusque-là. Certes, dans
les oeuvres de 1949 il ne rompt pas de facon absolue avec les tableaux
précédents. La ligne continue d’y jouer un rôle essentiel: elle se déve-
loppe sur la toile en décrivant des arabesques, des entrelacs. Par
endroits une figure semble vouloir émerger de ces enchevétrements,
une figure sans visage, sans nom, à peine saisissable, mais qui indique
que l'expressionnisme n'est pas completement oublié.
En 1950-1951, Stoffel exécute au pinceau et à l'encre de Chine
des dizaines de dessins: méme s'il les rehausse de gouache, l'élément
principal y demeure une ligne qui bondit, se courbe, s'enroule, ser-
pente, zigzague. Quelque chose d'obsessionnel se décéle dans ses élans
toujours brisés, toujours repris, et son tracé fait penser aux galeries
souterraines d’un labyrinthe où l'on tournerait en rond sans jamais
trouver une issue. La couleur renforce cette impression; encore qu'elle
comporte des jaunes, des bleus, cà et là des rouges, elle ne donne
TIN Ns. Jil ^
aucune note gaie à ces oeuvres: son caractére distinctif est la páleur;
elle rappelle les teintes de ces plantes qui végétent dans les caves trop
humides et obscures.
Mais il importe à Stoffel de conférer à son coloris plus d'éclat,
plus d'autorité. S'il a révélé cette intention déjà dans quelques toiles
de 1949, il la montre avec encore plus de netteté vers 1951. Pour bien
marquer que ses efforts portent désormais sur la couleur, il se met à
dévaloriser le moyen dont il s’est toujours servi avec le plus de bon-
heur: le dessin. Il finit par abolir jusqu'à la forme, par concevoir le
tableau comme une surface strictement plane divisée en quelques
compartiments, et chacun de ces derniers, il le revét d'une seule teinte
qu'il étale sans y laisser la moindre trace de sa main. Bref, sa nouvelle
manière se situe aux antipodes de celle qu’il pratiquait au cours de sa
période expressionniste.
Incontestablement, il court alors le risque de s'appauvrir, de
s'enliser dans la monotonie d'une peinture trop élémentaire. Mais il se
ressaisit, tout en ne revenant point sur ses pas. En 1954, des formes
reparaissent dans ses tableaux, et si elles demeurent géométriques et
planes, leurs contours sont maintenant plus variés. Quelque temps
plus tard, certains d'entre elles se détachent du fond, elles com-
mencent à se courber comme des feuilles que gonflerait une brise, elles
se mettent à voler, à danser, et voilà que l'espace lui aussi est retrouvé,
un espace imaginaire, mais sensible. Le coloris en méme temps aug-
mente ses attraits, les teintes deviennent plus rares, les accords plus
/
OSCS.
Souvent les compositions des années 1958-1960 se développent
sur de grands formats. C'est que, révant de murs qu'il serait appelé à
orner, Stoffel veut accuser le caractere mural de son art. Cependant,
i| n'a l'occasion de réaliser son réve qu'au soir de sa vie, lorsqu'il est
invité par l'Etat à créer les cartons de deux mosaiques pour le Nouvel
Athénée de Luxembourg.
Au moment où 1l disparait, l'Abstraction géométrique, qu'il a
illustrée avec tant de radicalisme, passe pour une tendance démo-
dée. A vrai dire, elle jouit de peu de faveur depuis quelques années
déjà; le goüt du jour exige de l'informel, du gestuel. Stoffel n'aurait
eu aucune peine à tirer parti des mouvements spontanés de sa main
(il l’a bien prouvé en 1950-1951), mais il ne pense pas devoir changer
de route parce que ses recherches n’ont plus les suffrages de la mode.
I] ne s'est jamais montré complaisant sur le plan de l'art, et l'on ne
saurait trop souligner les mérites de ce non-conformisme, de cette
fidélité à ses convictions lors méme qu'elles se sont fait peu applaudir.
D’ailleurs, gräce à l'op art, l’Abstraction géométrique connaît au-
jourd'hui un regain d'actualité, de sorte que plus que naguére le public
incline sans doute maintenant à voir les vertus de la peinture de
Stoffel: sa rigueur, la précision de ses formes, la clarté et l'équilibre
de sa composition, enfin la pureté, la franchise, parfois la solennité
de son coloris
Joseph-Emile Muller
PEINTURES A L’HUILE*)
Stockholm, vers 1936
Toile, 61 x80
Signé en bas, à droite
Danse, 1937
Toile, 65 x81
Daté 37
Madone à l'enfant, 1941
Toile, 73 x50
Signé en haut, a droite
Deux Moines dans un jardin, 1941
Toile, 55 x46
Signé en bas, à droite
Le Boxeur et la foule, 1941
Toile, 50 x61
Signé en bas, à gauche
*) Sauf indication contraire, les oeuvres exposées
appartiennent à Mme Michel Stoffel et à
M. Gaston Stoffel.
0
Idylle nordique, 1941
Toile, 92 x60
Signé en bas, à gauche
L’Homme au pigeon, 1941
Toile, 65 x92
Signé en bas, à droite
3
La Protectrice, 1942
Toile, 81 x60
Signé en haut, à gauche
)
L'Homme au caniche, 1942
Toile, 61 x46
Signé en bas, à droite
10
Réminiscences, 1942
Toile, 61 x38
Signé en haut, à droite
11
Resistance passive, 1942
Toile, 65 x81
Signé en bas, à gauche
12
La Déchainée, 1942
Toile- 87 x67
Signé en bas, à gauche
13 Danseurs slaves, 1943
Toile, 73 x60
Signé en bas, à gauche
14
L’Homme aux deniers, 1943
Toile, 61 x46
Signé en bas, au milieu
15
Confidences, 1943
Toile, 54 x73
Signé en bas, à droite
16
La Tribune, 1943
Toile, 61 x51
Signé en bas, a droite
17
Danseuse, vers 1945
Toile, 92 x60
Signé en bas, à droite
19
Ne tueras, vers 1946
Toile, 75 x58
Signé en bas, au milieu
19
Joueur de flüte, vers 1946
Toile, 65 x54
Signé en bas, à dtoite
20 Clown, vers 1946
Toile, 54 x41
Signé en bas, à droite
21
Les deux Amis, 1946
Toile, 73 x50
Signé en bas, à droite
22
Couple clownesque, vers 1948
Toile, 41 x33
Signé en bas, à gauche
22
Les Rescapés, vers 1948
Toile, 161 x131
Signé en bas, à droite
24
Le Mage, 1948
Toile, 146 x114
Signé en bas, à gauche
Musée d'Histoire et d'Art, Luxembourg
25
La Vigie, 1949
Toile, 104 x78
Signé en bas, à gauche
Collection Raymon Mehlen, Luxembourg
26
La Sieste, 1949
Toile, 81 x100
Signé en bas, à gauche
27 Entrelacs, vers 1949
Toile, 50 x61
Signé en bas, à gauche
28
Liaison, vers 1949
Toile, 55 x46
Signé en haut, a droite
29
Rencontre, vers 1949
Toile, 46 x61
Signé en haut, à gauche
30 Composition, vers 1949
Toile, 73 x100
Signé en bas, à droite
31
32
33
34
^5
36
Composition, vers 1949
Toile, 101 x125
Signé en haut, à droite
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Composition, vers 1949
Toile, 38 x55
Signé en bas, à gauche
Marchand arabe, vers 1950
Toile, 61 x38
Signé en bas, a gauche
Trois Formes sur fond turquoise, vers 1950
Toile, 55 x46
Signé en bas, à droite
Figure, vers 1950
Toile, 58 x39
Signé en haut, à droite
Composition, 1950
Toile, 60 x81
Signé et daté en bas, à gauche
37
Composition, vers 1952
Toile, 81 x100
Non signé
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L'Oeuf, 1952
Toile, 73 x100
Signé en haut, à gauche, daté au dos
29
Altitude, 1953
Toile, 100 x81
Signé et daté en haut, à gauche
40
Composition I, 1953
Toile, 116 x 89
Signé et daté en bas, à gauche
41
Composition, 1953
Toile, 130 x97
Signé et daté en haut, à droite
12
Composition VIII, 1953
Toile, 81 x100
Signé et daté en haut, à gauche
43
44
45
46
47
48
Composition, 1954
Unalit, 60 x73
Signé et daté en bas, à gauche
Composition III, 1954
Unalit, 73 x60
Signé et daté en haut, à gauche
Composition VI, 1954
Toile, 64 x77
Signé et daté en bas, à gauche
Composition VIII, 1954
Unalit, 60 x73
Signé et daté en bas, à gauche
Composition IX, 1954
Unalit, 73 x60
Signé et daté en haut, à gauche
Composition I, 1958
Unalit, 80 x61
Signé et daté en bas, à gauche
49
50
51
52
53
54
55
Composition II, 1958
Unalit, 60 x81
Signé et daté en haut, à droite
Composition E 2/58, 1958
Unalit, 73 x60
Signé et daté en bas, à droite
Composition E 3/58, 1958
Unalit, 60 x73
Siené et daté en haut, à droite
Composition E 4/58, 1958
Unalit, 60 x 73
Signé et daté en haut, à droite
Composition E 6/58, 1958
Toile, 130 x162
Signé et daté en bas, à droite
Composition E 7/58, 1958
Toile, 89 x130
Signé et daté en bas, à droite
Composition E 8/58, 1958
Toile, 130 x89
Siené et daté en bas, à gauche
56
57
58
59
60
61
Composition E 9/58, 1958
Toile, 114 x146
Signé et daté en bas, à gauche
Composition E 10/58, 1958
Toile, 114 x146
Signé et daté en bas, au milieu
Composition E 3/59, 1959
Toile, 162 x130
Signé et daté en haut, au milieu
Composition E 4/59,1959
Toile, 162 x130
Signé et daté en haut, à gauche
Composition E 5/59, 1959
Toile, 130 x162
Signé et daté en haut, à gauche
Composition E 3/60, 1960
Toile, 130 x162
Signé et daté en bas, au milieu
GOUACHES
62
Scene marocaine, 1934
46 x33
Signé et daté en haut, à gauche
63 Tallim, 1935
63 x45
Signé et daté en haut, à gauche
64
Poupée, 1935
60 x46
Signé et daté en bas, à gauche
(5,
Femme au canard, vers 1945
55 x44
Signé en haut, à gauche
66
Fleurs, vers 1945
57 x45
Signé en bas, à droite
n
Fleurs, vers 1945
57 x45
Signé en bas, à gauche
68
Fleurs, vers 1945
57 x45
Signé au dos
69 Fleurs, vers 1945
57 x45
Signé en bas, au milieu
70 Fleurs, vers 1945
57 x45
Signé en bas, à droite
71 Profils, vers 1946
57 x45
Signé en bas, à droite
72 Le Sanglier, vers 1948
45 x57
Signé en bas, à droite
73 Le Belier, vers 1948
45 x57
Signé en bas, à droite
74
75
Le Bélier, vers 1948
45 x57
Signé en bas, à gauche
Le Bélier, vers 1949
45 x57
Signé en bas, à droite
76
Masques, vers 1949
57 x45
Non signé
77- 10 Compositions abstraites, 1950-1951
86 45 x57 (chacune)
DESSINS
87
88
89
Stockholm, 1935
Encre de Chine, 44 x55
Signé et daté en haut, à droite
Stockholm, 1935
Encre de Chine, 44 x55
Signé et daté en bas, à gauche
Capri, 1936
Encre de Chine, 44 x55
Signé en bas, à droite
91
Paysage, vers 1936
Encte de Chine, 24 x31
Signé en bas, vers le milieu
92
Paysage, vers 1936
Encre de Chine, 45 x57
Signé en bas, à gauche
93- 8 Compositions abstraites, 1950-1951
100 Encre de Chine, 45 x57 (chacune)
a
90 Enfant, 1936
Encre de Chine, 28 x39
Signé en bas, au milieu
GRAVURES
101 Weimar (am Brühl), 1932
Aquatinte, 29 x29
102 Weimar (Schloßgasse), 1932
Aquatinte, 29 x24
103
Weimar, 1932
Lithographie, 43 x62
104
Jour de marché à Weimar, 1932
Lithographie, 43 x30
105
Marchand de saucisses, 1932
Eau-forte, 34 x26
106 Venise, Dogana della Salute, 1932
Pointe séche, 30 x40
107 Villas venitiennes, 1932
Lithographie, 40 x30
108 Venise, l’Eglise Saint-Georges, 1933
Pointe séche, 23,5 x32
109
Canal à Venise, 1933
Pointe séche, 38 x28
110 Venise, le Lido, 1933
Pointe séche, 30 x40
ILLUSTRATIONS
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Les photographies pour les illustrations:
Nos 31, 37. 41, 47. 48, 55, 77 et 93
sont dues à M. Albert Biwer (Musée de l'Etat)
Imprimerie Saint-Paul, Luxembourg